Extrait 2 de l’épisode inédit des aventures de Lazare Donatien
Retrouvez ci-dessous l’extrait promis de l’épisode inédit des aventures des aventures de Lazare Donatien :
Le Cadeau de Lazare
Chapitre 2
Vous êtes-vous déjà demandé ce que la vie peut avoir en réserve pour vous ? Je parierais bien que oui et, en ce qui me concerne, je peux vous dire ceci : je n’aurais jamais cru, du haut de mes trente années déjà bien remplies, que j’hériterais un jour d’une telle propriété.
Voici un peu de contexte avant de continuer. Je me retrouvais ce matin à La Flotte-en-Ré, un village tout à fait charmant au demeurant, mais où je n’avais encore jamais mis les pieds jusqu’à aujourd’hui. Je vous laisse donc imaginer ma surprise lorsque je reçus un courrier, le mois dernier, m’annonçant qu’un lointain parent récemment décédé m’avait désigné comme son unique héritier. Et, cerise sur le gâteau, un parent dont je ne connaissais même pas l’existence la veille !
Bon, il est vrai que, pour ma défense, mes propres parents n’avaient jamais été très portés sur les attaches familiales, constat qui n’excluait que le noyau très proche que nous formions tous les trois. M’enseigner les ficelles du don que j’avais hérité d’eux et en explorer tout le potentiel avait, il faut dire, toujours bien su occuper nos années.
Mais je m’égarais là et, pour en revenir à nos moutons et être tout à fait honnête, la propriété dont je foulais à présent le sol forçait l’admiration. Bien que j’eusse surtout vécu une vie de nomade jusqu’ici, accompagnant mes parents d’un pays à l’autre, je me voyais bien poser mes valises dans cette magnifique et élégante demeure.
J’avais appris que le défunt – un lointain cousin du côté de ma mère, selon toute vraisemblance – avait passé la très grande majorité de sa vie sur cette île où il avait choisi d’établir son commerce. Un magasin d’antiquités qui avait pignon sur rue par ici, d’après ce qui m’avait été rapporté. J’avais décidé de venir voir le Manoir en premier ; il serait toujours temps d’aller visiter cette boutique demain, m’étais-je dit. Maintenant que j’y avais mis les pieds, je me félicitais de mon choix. J’avais d’assez vastes recoins à explorer avec cette seule bâtisse pour aujourd’hui.
Au fait, au cas où vous vous poseriez la question, je ne suis pas moi-même antiquaire de métier. Je me qualifierais plutôt de touche-à-tout doté d’un talent particulier, si j’ose dire. Je dois avouer, cependant, que l’histoire et les antiquités ont toujours été une sorte de hobby pour moi. À l’évidence, cela avait beaucoup à voir avec ce talent particulier que je possède. De fait, apprendre l’exacte nature du métier de ce parent inconnu jusqu’alors a sans aucun doute contribué à mes raisons de venir m’installer ici si vite. Moi qui me pensais vagabond dans l’âme... Eh bien, que voulez-vous que je vous dise ? Il faut bien un début à tout, n’est-ce pas ?
Ayant terminé mon tour du propriétaire à l’extérieur, je décidai qu’il était temps de diriger ma curiosité vers l’intérieur du logis. Je sortis la grosse clé que le notaire m’avait confiée et considérai un instant l’imposante serrure qu’elle était censée ouvrir. J’eus l’impression de pénétrer dans un coffre-fort, et l’atmosphère sombre et légèrement inquiétante de l’endroit n’arrangeait rien.
Mon prédécesseur ne devait pas rigoler tous les jours, si je devais en croire la décoration terne et poussiéreuse que je découvris au gré de mon exploration. Il ne devait pas être un grand fan de ménage non plus, d’ailleurs, ou alors il avait peut-être un penchant secret pour Halloween, allez savoir. Les araignées semblaient se sentir tout à fait à leur aise ici. J’en voulais pour témoin les nombreuses toiles prospérant çà et là dans les innombrables pièces vacantes du Châtelet.
Le notaire m’ayant prévenu que l’électricité avait été coupée le temps de me retrouver, je m’étais muni d’une lampe torche et, si elle m’était certes bien utile, je constatai vite, avec amertume, qu’elle manquait franchement de portée. Je n’y voyais rien à deux mètres devant moi ! Après avoir, pour la deuxième fois, accroché un pied de meuble avec mes pauvres orteils, je pris une décision solennelle pour le bien de mes arpions.
Remettre l’exploration des nombreuses pièces restantes à plus tard me parut soudain la meilleure idée de la journée. J’ajoutai une note urgente à mon carnet, déjà bien rempli de réflexions sur ma visite – engager une équipe de nettoyage et faire restaurer l’électricité au plus vite – et pliai bagage.
Enfin, plier bagage, c’était vite dit, j’avais décidé de passer la nuit ici, après tout. Sentant la faim me gagner, je me dirigeai vers la cuisine où j’allumai toutes les bougies que j’avais pu trouver. Je sortis un casse-croûte de mon sac à dos, au cuir tanné par les voyages et qui ne me quittait pour ainsi dire jamais.
J’entamai mon repas de bon cœur tout en comparant ce que j’avais relevé lors de mon exploration aux papiers que le notaire m’avait donnés. De nouvelles notes vinrent s’ajouter à celles que j’avais déjà prises puis, rassasié, je me mis en quête d’un endroit confortable – et relativement propre – pour la nuit.