Extrait 3 de l’épisode inédit des aventures de Lazare Donatien

Retrouvez ci-dessous l’extrait promis de l’épisode inédit des aventures des aventures de Lazare Donatien :

Le Cadeau de Lazare

Chapitre 3

Le lendemain matin, les chauds rayons de soleil de cette douce matinée d’octobre accompagnèrent mes pas jusqu’à la boutique de mon lointain cousin, où je découvris avec surprise un endroit lumineux et fort bien achalandé.

Plus j’avançais dans l’inventaire de l’endroit, plus il était manifeste que mon cousin n’était pas devenu antiquaire pour le simple plaisir d’épater la galerie. Il connaissait son affaire et, à la tenue pointilleuse de sa comptabilité, je devinai qu’il avait aussi été un peu grippe-sou sur les bords, l’ancêtre. Mon tour du propriétaire terminé, j’entrepris de dépoussiérer un peu le coin. 

J’avais fait la moitié du travail lorsqu’un homme, qui avait sûrement pris le fait que je laissasse la porte ouverte afin d’aérer la pièce pour une invitation, entra dans la boutique. Il tenait, pressé contre sa poitrine, une boîte en carton un peu délabrée et fixa sur moi un regard quelque peu perdu.

– Vous êtes le nouveau propriétaire ? s’enquit-il d’un air dubitatif en détaillant mes habits d’un coup d’œil critique. 

Il espérait quoi, ce monsieur ? Que je fasse le ménage en costume trois-pièces ? Pour ma part, je trouvais l’usage du combo jean-t-shirt-baskets beaucoup plus approprié. Je retins la remarque piquante qui me montait aux lèvres, essuyai mes mains sur un torchon qui traînait par là, et m’avançai vers lui.

– C’est bien moi, confirmai-je avec un sourire qui, à défaut d’être sincère, était on ne peut plus commercial. Je suis Lazare Donatien, à qui ai-je l’honneur ?

– Je suis Gaétan Roussel, mais... vous me paraissez bien jeune... Vous êtes sûr de vous y connaître en antiquités ? 

Ah, ce n’étaient donc pas que mes habits qui lui posaient problème, mais mon physique aussi, apparemment. Il est vrai que j’avais souvent entendu que je faisais plus jeune que mon âge réel, une plaie plus souvent qu’une bénédiction, si vous voulez mon avis. Je gardai néanmoins mes remarques pour moi et veillai à préserver mon sourire.

– Je peux vous assurer que j’ai toutes les compétences requises pour évaluer ce que vous avez dans ce carton, si c’est là votre véritable question, monsieur Roussel. 

Le premier instant de surprise passé, l’homme sembla se détendre un peu et posa un joli coffret sur le comptoir tout juste dépoussiéré.

– J’ai trouvé ceci dans le grenier de mes grands-parents. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne parviens pas à l’ouvrir, alors j’ai préféré vous l’amener. Si cela dépasse vos compétences, toutefois, je pourrai toujours aller à La Rochelle un autre jour.

Je tournai sept fois ma langue dans ma bouche et en profitai pour sortir l’objet de son écrin provisoire. Cet homme en complet usé, suintant l’arrogance et le bourgeois fauché, commençait à me chauffer les oreilles avec ses insultes à peine voilées. 

Cependant, dès que j’eus touché la surface soyeuse de la délicate cassette, je sentis un frisson familier me parcourir l’échine. Mon don particulier percevait une énergie ancienne qui émanait par subtiles pulsions de l’objet. 

En observant à nouveau discrètement l’austère personnage que j’avais en face de moi, je pouvais faire un premier constat : cet invité surprise n’avait pas eu affaire à de bizarres manifestations provenant de cet objet, du moins pas encore, et le considérait comme tout à fait ordinaire. S’il voulait vendre, aucun problème, mais j’allais de toute façon devoir m’arranger pour garder ce coffret un peu avec moi.

– Vous avez là un magnifique coffret à bijoux et, si j’en crois cette marqueterie, ce cuivre et cette patine, je dirais qu’il date au moins du milieu ou de la fin de la période Louis XIII. Il s’agit bien sûr d’une estimation à première vue. Un examen plus approfondi me permettra de dater cette pièce avec exactitude si c’est ce que vous souhaitez. Voici donc ma prochaine question pour vous : voulez-vous faire restaurer cet objet pour le garder, ou avez-vous l’intention de le vendre ?

– Je souhaite parvenir à l’ouvrir pour commencer. Je verrai ensuite ce que je décide d’en faire.

Je fis mine d’observer à nouveau le coffret sous toutes ses coutures. Il fallait bien que je donne le change en tant qu’antiquaire fraîchement installé, non ?

– Très bien, laissez-le-moi pour la nuit, finis-je par déclarer d’un ton docte. Je vais voir ce que je peux faire pour dégripper cette serrure et vous pourrez ouvrir votre coffret. Est-ce que cela vous convient ?

– J’imagine que oui, je reviendrai demain dans ce cas, me répondit le rustre en sortant de la boutique sans se donner la peine de s’embêter avec les politesses d’usage. 

Le grossier personnage avait à peine franchi la porte de mon humble commerce qu’un léger cliquetis se fit entendre.

– Hum, j’imagine qu’il est temps de faire mieux connaissance ? lançai-je dans le vide en tapotant le coffret, le sourire aux lèvres.

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Excerpt 3 from the Exclusive Episode of Lazare Donatien’s Adventures

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