Extrait 8 de l’épisode inédit des aventures de Lazare Donatien

Retrouvez ci-dessous l’extrait promis de l’épisode inédit des aventures des aventures de Lazare Donatien :

Le Cadeau de Lazare

Chapitre 8

Nous avions terminé notre repas depuis belle lurette lorsque je terminai enfin mon récit. Le silence qui suivit régna en maître l’espace d’un instant.

– Pouvez-vous donner un peu de consistance à votre ami à divers moments dans la journée ? Nous devons lui parler de visu, si nous voulons lui redonner une enveloppe corporelle au plus vite, questionna enfin la blonde sorcière nommée Sorah.

– Bien sûr, un instant, je vous prie, répondis-je en me levant pour aller me planter en bout de table. Je me concentrai et envoyai un peu de ma force vitale à Zeph, qui prit petit à petit un semblant de forme humaine, juste assez pour que sa présence soit perçue par toute l’assemblée.

– Bonjour, Zeph, entama Sorah, toujours directe. Vous êtes dans cet état depuis 1618, c’est bien cela ? À l’évidence, faire des chichis n’était pas la tasse de thé de cette jeune femme, pensai-je en essayant au mieux de réprimer le sourire qui me venait aux lèvres.

– Mes hommages, Madame, répondit Zeph, fidèle à lui-même. Oui, c’est bien cela.

– Avez-vous des sorciers dans votre famille ? La question souleva un sourcil surpris sur le visage éthéré de mon valet, qui trouva un écho sur le mien.

– Je ne crois pas, Madame, répondit-il après une courte, mais non moins intense réflexion.

– Hum… Avancez votre main gauche, je vous prie, reprit la jeune femme en tendant la sienne. Zeph s’exécuta. Une lueur violette scintilla dans sa main gauche, surprenant Zeph. Sorah murmura une brève incantation tout en posant sa main au-dessus de celle de mon valet, épaté. Elle ferma les yeux pour les rouvrir quelques secondes plus tard, et, à en juger par sa mine, satisfaite du résultat.

– Alors ? demandèrent Miríel et Hénora dans un bel ensemble. La blonde enchanteresse se contenta de hocher la tête.

– Vous avez bel et bien de la famille parmi les sorciers. Une ancienne lignée, aujourd’hui éteinte, dont les traces sont presque imperceptibles, certes, mais toujours présentes. Cela suffira pour ce que nous avons à faire.

– Auriez-vous l’obligeance d’éclairer cette déclaration, jeune dame ? J’avoue avoir un peu perdu le fil, questionnai-je à mon tour.

– Il s’est passé un événement en 1618 qui a affecté l’ensemble des mondes magiques, expliqua Hénora, prenant la relève de sa sœur. Zeph, étant un descendant d’une famille de sorciers, s’est lui aussi retrouvé touché par ce cataclysme. Dans son cas, son esprit s’est retrouvé éjecté très loin de son corps, et nous connaissons tous la suite à présent. La bonne nouvelle, c’est que son ascendance va nous permettre de lui redonner un corps, si certaines autres conditions sont remplies.

– Que s’est-il donc passé en 1618 ? questionnai-je une nouvelle fois.

– Trois sorcières ont souhaité échapper au bûcher et ont traversé le temps pour se retrouver dans le futur. Ce n’était pas prévu ainsi, mais c’est ce qui s’est passé, répondit cette fois Miríel. Je les regardai tour à tour, une question muette dans le regard que je n’osais pas formuler.

– Oui, c’est bien de nous qu’il s’agit, confirma Sorah, reprenant les rênes de la conversation. Mais ceci est une longue histoire, et nous ne sommes pas venues ici pour cela aujourd’hui, n’est-ce pas ?

– Non, en effet, répliquai-je avec la plus parfaite courtoisie. Je suis heureux que le cas de Zeph ait une solution. À ce propos, de quoi avez-vous besoin en particulier pour mener à bien cette tâche ?

– Nous avons ce qu’il faut avec nous, merci. Nous aurons juste besoin d’un endroit parfaitement isolé et clos pour la mise en pratique.

– Oh, et veillez à garder Zeph dans cet état autant que vous le pouvez, intervint Hénora. Vous pouvez faire cela sans être à proximité directe ?

– C’est plus difficile, mais c’est faisable, oui, confirmai-je en hochant la tête. Par chance, je crois aussi que j’ai tout à fait le genre de pièce qui pourrait convenir à cette petite expérience. Si vous voulez bien me suivre, déclarai-je en me dirigeant vers la porte.

Je conduisis mes invitées dans l’une des chambres vides du Manoir et les laissai là, en tête-à-tête avec Zeph, pas très rassuré, mais prêt à tout pour retrouver des membres solides. Les jeunes sorcières m’ayant demandé de sortir de crainte que je ne sois affecté par leur magie, je pris le parti de m’installer dans la pièce d’à côté.

Depuis la pièce d’à côté, un bourdonnement magique vibra à travers le mur.  

***

Dès que leur hôte fut parti, les trois sœurs ne perdirent pas de temps. Lazare les avait prévenues qu’il avait insufflé une quantité d’énergie vitale suffisante à son valet pour tenir environ une dizaine de minutes. Après cela, il disparaîtrait de nouveau de leur vue. Il fallait donc agir avec vitesse et efficacité.

Miríel sortit plusieurs petites capsules de différentes couleurs d’une sacoche accrochée à sa taille, tandis qu’Hénora extirpa un livre d’un autre sac. Elle en fit tourner les pages à toute allure, et celles-ci ne s’arrêtèrent que lorsque la bonne formule fut trouvée. Sorah, quant à elle, s’occupait de dessiner un cercle sur le sol à l’aide d’une petite sphère lumineuse de couleur bleue qui agissait comme une craie. L’air crépita d’énergie autour de Sorah pendant qu’elle s’afférait. Lorsque tout fut prêt, elles demandèrent à Zeph de s’avancer au milieu du cercle et entamèrent sans plus tarder la cérémonie.

– Par l’univers créateur et la mère salvatrice, je te demande, cercle de vie, de t’animer, récita Sorah tout en élevant lentement ses mains, paumes vers le ciel, devant elle. Aussitôt, le cercle s’illumina et se mit à briller de toutes les couleurs, à la manière d’un prisme.

– Par la force de la terre, que l’attraction se réveille et que les cendres se réunissent, continua Hénora en jetant une première capsule au centre du cercle. De minuscules cendres s’éparpillèrent tout autour de l’enveloppe translucide de Zeph et s’attachèrent à lui.

– Par le lien du mercure, qu’une autre vie coule dans tes veines, reprit Miríel tout en jetant une deuxième capsule au centre du cercle. De minuscules ridules s’animèrent et glissèrent tout autour de Zeph, jusqu’à l’entourer de pied en cap.

– Par le souffle puissant des vents, que ton être s’assemble en un seul, poursuivit Hénora en jetant une troisième capsule dans le cercle. Une douce brise enveloppa le corps de Zeph pour se transformer, la seconde d’après, en un tourbillon violent. Lorsque la tempête s’apaisa, Zeph avait retrouvé un corps humain tangible, mais avec un léger hic : il ne pouvait pas bouger.

– Par la chaleur du soleil, que la vie pénètre ton être et s’installe pour y rester, termina Miríel en jetant la dernière capsule dans le cercle. Un rayon lumineux engloba Zeph et le réchauffa si intensément qu’il resta rouge vif encore quelques secondes après la disparition du rayon.

– Par l’univers créateur et la mère salvatrice, je te remercie, cercle de vie, d’avoir accompli ton office, entonna Sorah en laissant doucement retomber ses mains le long de son corps. Les couleurs brillèrent plus vivement l’espace d’une seconde, puis tout s’arrêta, et le cercle au sol s’effaça de lui-même.

Zeph palpa son nouveau corps sans y croire. Quelle étrange sensation que de sentir de la peau sous ses doigts à nouveau après tout ce temps ! Une vague de multiples émotions le submergea, et il éclata en sanglots.

– C’est incroyable ! Merci, merci ! répéta-t-il en tombant à genoux. Je n’y croyais plus ! Mon Dieu, quel bonheur ! C’est merveilleux, regardez, mes mains touchent le sol, je peux sentir la pierre froide des dalles !

Les trois sœurs affichèrent en même temps un sourire chaleureux et bienveillant.

– Allons, Zeph, relevez-vous. Il y a encore quelques petites choses que vous devez savoir relatives à l’utilisation de ce nouveau corps. Nous y allons ? demanda Miríel en aidant le valet à se relever.

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