Extrait 9 de l’épisode inédit des aventures de Lazare Donatien

Retrouvez ci-dessous l’extrait promis de l’épisode inédit des aventures des aventures de Lazare Donatien :

Le Cadeau de Lazare

Chapitre 9

Lorsque je vis mes invitées ressortir de la chambre, je n’en crus pas mes yeux. Bon sang ! Elles avaient réussi !

– Nous avons encore quelques recommandations à vous faire, expliqua Sorah en s’avançant vers moi avec grâce.

– Dans ce cas, pourquoi n’irions-nous pas terminer la soirée dans la bibliothèque ? proposai-je en ouvrant la marche.

– Allons-y, répliqua-t-elle en m’emboîtant le pas, suivie de ses sœurs et de Zeph.

Le feu crépitait dans la cheminée depuis le début de la soirée, et il y régnait à présent une chaleur agréable. Les flocons dansaient au-dehors, éclairés par les guirlandes du Manoir. Nous nous installâmes dans les confortables fauteuils à disposition, tandis que Zeph prit place derrière moi. Je laissai mes invitées prendre les rênes de la conversation.

– Comme nous vous l’avons exposé tout à l’heure, commença Sorah, le nouveau corps de votre ami vient avec certaines conditions qu’il va vous falloir respecter sous peine de voir ce privilège lui être retiré à tout jamais. Il faut que vous sachiez également que, si tel devait être le cas, nous ne pourrions refaire ce que nous venons de réaliser.

– Très bien, nous vous écoutons.

– La première condition est celle-ci, continua la jeune femme. Zeph ne pourra utiliser ce corps que douze heures dans une journée. Le reste du temps, il retrouvera sa forme d’esprit immatérielle. S’il devait transgresser cette règle et ne pas, volontairement, laisser son corps au-delà de ces douze heures, celui-ci disparaîtra.

– La deuxième condition est que Zeph devra, tous les sept jours, se plonger avec son enveloppe matérielle, une heure avant de la quitter, dans un bain d’eau glacée. Il devra y ajouter neuf gouttes, et neuf gouttes seulement, de ce mélange, reprit Miríel, en me tendant un flacon d’un liquide iridescent. Contactez-nous lorsque vous n’en aurez plus, et nous vous ferons parvenir d’autres fioles.

Je pris le joli flacon de verre travaillé en hochant la tête et le posai sur la table à mes côtés.

– Entendu, y a-t-il d’autres conditions ?

– La troisième et dernière condition est que, tous les ans, le jour de Noël, Zeph ne devra pas utiliser son corps durant vingt-quatre heures consécutives, de minuit le 24 décembre jusqu’à minuit le 25 décembre, termina Hénora, en passant une cordelette au cou de Zeph au bout de laquelle pendait un sablier aux reflets d’éternité. Ce compteur contient exactement 8760 billes de temps, chacune représentant une heure de l’année. Cela vous aidera à vous rappeler cette condition tout en protégeant votre corps lorsque vous ne l’utiliserez pas. Ce soir, à minuit, le compteur se mettra en marche, et vous passerez ce premier Noël selon les conditions annoncées.

– Avez-vous bien tout compris ou avez-vous des questions ? s’enquit Sorah, de cette voix si douce et en même temps si autoritaire qui la caractérisait.

Je me retournai vers mon fidèle valet.

– Zeph ?

– Tout est limpide, Monsieur, répondit-il, la voix mordue d’émotion. Soyez assuré que je respecterai à la lettre chacune de ces conditions. Je ne saurais comment vous remercier pour un tel cadeau, Mesdames, ajouta-t-il, à l’attention des trois sœurs.

– Faites-en bon usage et remerciez plutôt Lazare, car c’est son cadeau pour vous.

– Vous m’avez aidé à remplir une vieille promesse, très chères, répliquai-je en haussant les épaules. Vous serez toujours les bienvenues en cette demeure, et je vous fais aujourd’hui la promesse solennelle de vous aider un jour à mon tour, si cela est en mon pouvoir.

– Il se peut que nous vous rappelions ces mots un jour, en effet, répondit Sorah avec un sourire énigmatique.

Je me levai et proposai un verre de champagne à mes invitées, tout en glissant de force une coupe dans les mains de mon valet, qui, foi de Lazare, n’avait jamais su refuser un toast !

– Il est très rare que je fasse des promesses, alors, lorsque celles-ci s’accomplissent, je prends le temps de les célébrer. Me ferez-vous la grâce de célébrer celle-ci avec nous, chères enchanteresses ? 

Je levai haut mon verre avant de clamer haut et fort ma joie de partager ce moment en si bonne compagnie. 

– Joyeux Noël, très chères demoiselles, et merci ! ajoutai-je en les saluant à la manière d’un véritable gentleman, avant de porter la coupe remplie du liquide doré et pétillant à mes lèvres. 

Un bruit cristallin se fit entendre, et Zeph commença à s’estomper, le sablier scintillant à son cou.

– Joyeux Noël ! renchérit-il avec un large sourire que je ne lui avais encore jamais vu, avant de disparaître dans un bref éclat, comme un coup de baguette magique.

FIN